
Outil P.A. à prérégler les chevalets de Pleyel à ressorts à boudin
METHODE DE PREREGLAGE DES CHEVALETS DE PLEYEL QUEUE
Il s’agit là d’un Pleyel de 1910 dont les vis de réglage des ressorts étaient soit vissées à fond, soit dévissées jusqu’à ce que le bouchon réceptacle du haut du ressort bute contre le levier de répétition. Cette anomalie était due au fait que ces vis foiraient dans les bouchons, et que le précédent technicien avait laissé ses essais infructueux de réglage tel quel. Il est en effet impératif que le bouchon tourne avec la vis lors du réglage.
Lors de l’ancrage correct des vis dans les bouchons par adjonction de colle d’os, ou de parchemin collé pour les cas les plus graves, il est nécessaire de s’assurer d’une part que toutes les vis sortent pareillement du dessus du levier de répétition et d’autre part que les bouchons sont à même distance du dessous du même levier. On peut prendre pour le bouchon 2 mm en dessous et le bas de la tête de vis à 3.5 mm au dessus ce qui lui fait à peu près 2 mm au dessus du feutre blanc qui sert de butée à l’équerre de réglage du noyage du bâton d’échappement .
Une fois ce travail fait il est nécessaire de régler le noyage des bâtons dans la partie haute graphitée du levier de répétition de telle sorte que les 2 coins arrière de la partie graphitée du levier de répétition soient alignés avec le coin arrière du bâton d’échappement.
Cela fait, il faut prérégler les ressorts, cette fois sans toucher aux vis. Pour cela il faut forcer ou affaiblir les ressorts. Ceux-ci sont tous identiques, 14 spires d’un diamètre de 0.65 mm, et leur force ne peut se régler que par étirement ou écrasement. Pour régler la force du ressort il ne faut pas sortir le haut, mais le bas du ressort, cela est beaucoup plus aisé et l’on a beaucoup moins de chance de dérégler ce qu’on a déjà fait si l’on ne sort pas le ressort de son bouchon.
Noter que si l’on visse un tant soit peu le ressort pris dans la main sur le bouchon, il remonte sur le cône du bouchon et s’affaiblit, cela permet un réglage fin quand il y a peu à faire.
La dernière étape consiste à régler avec un poids la force des ressorts, la photo en tête de la méthode montre un système simple qui a l’avantage de s’utiliser sur la mécanique montée.

Position du bâton d’échappement lors de la « pesée » du ressort à boudin d’un chevalet de Pleyel. (P.A.)
Il est curieux de remarquer que rares sont les techniciens qui ont fait attention aux numéros marqués sur les leviers de répétions des chevalets. Il y a des numéros de 1 à 8 et par groupes de 11 consécutifs ; la raison est simple, c’est qu’ils servent à mesurer la force des ressorts, les plus forts étant évidemment dans les basses.
Je me souviens d’un Pleyel de 1924 réglé avec cette méthode : mon levier de pesage était posé sur le bout de l’équerre du bâton d’échappement de telle sorte, que les coins arrière graphités du levier de répétition et du bâton d’échappement soient alignés, ce qui représente leur position respective sous le nez du marteau. Le poids réel sur l’équerre était de 16g pour les chevalets marqués 1 dans les basses, 15g pour les 2, …, etc pour arriver à 9 g dans les aigus pour les chevalets marqués 8.Une fois ce travail réalisé sur la mécanique montée, il y eut peu à reprendre lors du réglage de la remontée du marteau.
Le réglage des ressorts avec la vis n’est pas toujours aisé et il est plus facile de visser que de dévisser, car en dévissant les spires larges entourant le bouchon peuvent s’ouvrir pour laisser rentrer ce dernier ou la dernière spire étroite du bas du ressort peut s’accrocher au tenon d’ancrage et se décrocher brusquement, ce qui dans les deux cas peut provoquer un affaissement brutal de la tension. Ce phénomène peut également se produire lors du jeu si l’on n’a pas pris la précaution d’enfoncer et relâcher plusieurs fois rapidement la vis de réglage des ressorts à chaque tour de vis. Cette précaution est indispensable également lors du vissage car quelquefois le ressort conique étreint, dans sa partie étroite, le tenon qui le reçoit ; en vissant la tension diminue pour remonter ensuite et lors du jeu le ressort peut retrouver sa position naturelle et l’on a un ressort trop fort. C’est pour cela que Pleyel a intercalé par la suite entre le ressort à boudin et la vis de réglage un petit levier qui contraint le ressort mais sans le faire tourner. Patrick Annett
